La lecture de mon quotidien favori m’apprend ce matin que l’État va fortement subventionner la plantation de haies dont les deux tiers ont disparu en cinquante ans pour cause de remembrement agricole au profit de l’agriculture intensive et mécanisée. Il s’agit désormais de replanter 7.000 km de haies en deux ans car on s’est rendu compte – bien tardivement – qu’elles présentent de nombreux avantages. Les haies limitent le ruissellement des eaux et ralentissent l’érosion des sols comme brise-vent. Elles offrent de l’ombre aux animaux d’élevage et contribuent à la préservation de la biodiversité en accueillant insectes, pollinisateurs, oiseaux et autres amphibiens.
Microcosme et macrocosme. Si l’homme est à l’image du monde, il y aurait beaucoup à dire sur la société moderne qui a voulu éradiquer nos richesses intérieures dans un grand remembrement productif de la pensée au nom de l’efficacité et de la transparence. Notre vie intérieure a besoin de haies et de recoins. Besoin de limites, de frontières. Besoin de haies vives poétiques et spirituelles pour laisser foisonner notre biodiversité intérieure, pour prévenir nos propres glissements de terrain et nos affaissements. Tant de haies buissonnantes et buissonnières qui semblent pourtant inutiles aux esprits forts technicistes.
Vive nos haies vives intérieures ! Dans les haies nidifient les oiseaux de passage et éclot la beauté. Sans haies vives de la pensée, qui va polliniser nos vies au fil des saisons et des âges ? Et puis, pourquoi faudrait-il peur des haies ? Elles retiennent la terre mais sont aussi faites pour être franchies. Et n’oublions pas que c’est entre deux haies qu’on a inventé le chemin.