La transmission est au cœur du mystère de la vie. La pandémie que nous avons vécue nous a méchamment enseigné dans notre chair ce que transmettre veut dire. Tout est transmission, même la feuille morte qui va se transformer en humus au pied de l’arbre et va le fertiliser, transmet la vie qui poussera après elle. Il y a ainsi des transmissions naturelles, passives que nous aussi humains accomplissons comme toute créature animale, végétale et même minérale. Vivre, c’est transmettre, et nous transmettons le meilleur et le pire, consciemment et inconsciemment.
Que peut-on transmettre de ce que nous apercevons, de ce que nous percevons du mystère essentiel de la vie, de la beauté, du bien ou de l’amour infini ? L’écrivain philosophe Aldous Huxley a écrit quelque part qu’il faut différencier connaissance et compréhension : « Il y a entre connaissance et compréhension autant de différence qu’entre une ordonnance qui prescrit de la pénicilline et la pénicilline elle-même ». C’est peut-être cela transmettre : seulement donner accès à la compréhension. Transmettre n’est pas léguer. Nous transmettons quelque chose de vivant et nous ne transmettons bien que ce qui vit en nous. Ce que nous avons la responsabilité de transmettre est de l’ordre de l’indicible. Révéler mon Frère à lui-même, lui donner le goût de l’ineffable, comme, dans la camaraderie de l’enfance, cette fraternité originelle, on se fait la courte échelle pour regarder de l’autre côté du mur.
Comment transmettre l’essentiel dans notre société technicienne moderne, si prosaïque, où on veut tout de suite, ou on croit avoir tout compris parce qu’on a lu sur Internet ou vu à la télévision la présentation d’un sujet qui permet de savoir tout sur tout ? La transmission est une lente infusion. Long parcours qui est une école de patience, comme la vie elle-même est patiente.
SENTIMENT OCÉANIQUE 