Il est des mots qui palpitent en mon cœur. Il est des assonances de mots qui amusent les enfants, solitude, sollicitude, solitaire, solidaire. Il est des mots qu’il faudrait laisser résonner comme on entend le son du gong qui se prolonge infiniment : sollicitude. C’est un mot qu’on aimerait prononcer plus souvent et ne pas oublier, car il n’a pas d’équivalent. Non, la bienveillance, ce mot tant à la mode par la grâce des spiritualités orientales, n’a pas la force de la sollicitude, La bienveillance n’engage pas à grand-chose : on veille, certes en bien, quand par sollicitude on s’engage, on sort de soi, on ex-iste.
J’ai besoin de ta sollicitude, que tu aies souci de moi. Je ne te demande pas seulement l’impersonnelle solidarité. Je veux que tu répondes à mon appel, à ma sollicitation. Je demande ton affectueuse intervention. Merci de ta sollicitude, tu n’as pas été indifférent. Et quand je t’ai sollicité, tu m’as répondu.
Je sais ta réponse. Tu pourras me solliciter et je te répondrai. Rien de surplombant, tout de fraternel. Qu’est-ce qui nous requiert ce matin ? Par qui, par quoi sommes-nous sollicités ? Par notre commune humanité. Humanité, cet autre mot qui signifie infiniment plus que notre appartenance à l’espèce humaine et qui me dit que tu sauras faire preuve d’humanité, de cette humanitas qui nous fait pleinement humains, Ta sollicitude comme mouvement, comme élan réciproque qui nous constituent frères et sœurs.