Nos vies comme des oxymores

J’aime ce mot. Oxymore qui sonne comme l’onyx à la rondeur polie. Silence… retentissant, obscure… clarté, l’oxymore est la parfaite issue de secours à nos fausses évidences, bien plus que l’union de deux mots contraires.  J’aime cette douce… violence faite à la logique, l’alliance improbable d’un nom et d’un qualificatif que le bon sens voudrait opposer. L’oxymore pour abolir ou plutôt surpasser les contraires tout en les soulignant, sans les gommer, en prenant l’épaisseur de chaque mot et en le plaçant là, dans une proximité qui n’élimine rien, comme sur deux plateaux d’une balance qui crée un nouvel équilibre. 

L’oxymore est un aimant paradoxal : tout ce que notre physique des mots voudrait éloigner dans un rejet naturel des contraires, il l’attire pour accoler, cimenter une nouvelle réalité plus solide que les apparentes oppositions. L’oxymore serait-il un levier spirituel, vers le secret du signifié, de ce qui nous est caché et reste sans cesse à découvrir ? L’oxymore serait-il le versant occidental du koan, ces formules du bouddhisme zen paradoxales, absurdes au premier abord ? L’oxymore comme outil de libération. 

Et nos vies comme des oxymores que nous apprenons pas à pas à déchiffrer et à accepter. Unité… complexe qui nous conduit à découvrir une simplicité toujours plus… riche. Comme une puissante… humilité. Il faut aimer l’oxymore, ce pavé mosaïque des mots. L’oxymore comme un équilibre en permanente tension. Le proche et le lointain, également présents. Présence qui abolit la distance et la consacre. Je suis, tu es, mon frère, ma sœur, ce semblable étranger dans les liens… qui nous libèrent. 

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