Qui a inventé le chemin ? Si l’eau trouve naturellement sa voie, ruisseau, rivière ou fleuve, rien de tel pour les hommes et les animaux. Il a fallu inventer la piste. Et le premier chemin a été tracé entre deux parcelles. Ce sont les bords, les limites qui définissent le chemin. Tracer sa route, c’est laisser trace, traces de pas innombrables qui ont créé et continuent à façonner le chemin. Et quand il s’agit de tracer sa route, le pas de l’homme se fait dessin. Le pied en est l’outil premier. Partout des chemins et de routes, et même sur le vaste océan, des routes maritimes relient les hommes que l’intelligence et l’expérience transmettent au fil des générations.
On suit la piste, on poursuit sa route. La marche n’est jamais solitaire, même si elle en a l’apparence : d’autres ont marché avant nous, ont fait le chemin. Pas de hors-piste. Tout chemin semble balisé mais il n’est pas pour autant une impasse. Au contraire. Car les chemins se conjuguent toujours au pluriel. À toi de choisir le chemin que tu emprunteras, et l’empreinte que tu y laisseras, mince trace effacée par le vent et le pas des marcheurs à ta suite. Libre à toi de cheminer, d’aimer les carrefours, d’apprivoiser le labyrinthe.
La vie comme une longue marche, un pèlerinage, une traversée. Et la nécessité de faire le point, de marquer la halte comme pour le navigateur de faire escale. Dans toute tradition initiatique, on chemine par étapes, nul court-circuit donnant un accès entier à la vérité et la connaissance. Petits pas. Cheminement de pérégrination. Horizon qu’on croit proche et qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance. Surprise du paysage toujours renouvelé, familiarité éprouvée du chemin pas à pas.
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