Une crique, un refuge. Nous avons tous besoin de haltes, d’étapes, besoin d’arriver à bon port. Ce bon port n’est pas forcément le but de la destination, mais il est bon, car bienfaisant et protecteur, sorte d’oasis de la mer. Ne dit-on pas un havre de paix ? Dans toutes les traditions, l’océan impose la crainte ; il suppose les éléments incontrôlables et la peur du naufrage. Le port du salut, c’est là où nous nous sentons à l’abri, où nous nous croyons sains et saufs.
Retrouver la terre ferme, s’habituer à ne plus ressentir le roulis des jours de grande traversée. Dans les escales lointaines, les équipages ont toujours fait relâche pour avitailler et réparer leur embarcation. Il y a de la convalescence dans ce mouillage où on jette l’ancre, une sorte de retraite nécessaire avant de repartir vers le grand large. À bon port, on pourrait croire qu’on a touché au but, mais il faut toujours repartir et larguer les amarres. Aucun bateau n’a été conçu pour rester à quai.
Dans nos certitudes terre-à-terre, nous avons souvent l’illusion de sédentarité alors que l’homme sera toujours nomade. Voyageur éternellement en transit. Jamais parvenu. La vie toujours en mouvement, jusqu’au prochain port. Provisoire. Alors, à bon port, aimer les arrivées et les départs. Simplement. Goûter l’escale et embrasser l’océan.
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