Pourquoi l’homme moderne occidental s’est-il coupé de l’Essentiel qu’il ne voit pas, pourquoi s’est-il privé de la vie de l’esprit ? Pourquoi cette impasse qui donne l’illusion que l’homme est la dimension de l’homme, affirmation qui serait indépassable comme un lourd plafond, un couvercle d’ignorance et de refus, comme si le divin était devenu le dernier tabou de l’Occident ? Autant de questions qui constituent l’énigme tragique et mortifère d’oublier l’infini.
Pour évoquer le divin et l’infini, le grand poète musulman du XIIème siècle Ibn Arabi parlait d’ « océan sans rivage » qu’il invitait les « plongeurs au souffle puissant » à rejoindre. Que sont les plongeurs devenus ? Dans la période de glaciation spirituelle que nous vivons, on se voudrait plongeur au souffle puissant, mais il nous faut redoubler d’efforts car aucune vague spirituelle ne nous porte plus naturellement, à la différence des sociétés africaines ou asiatiques qui vivent encore dans un bain spirituel permanent.
À nous de trouver notre demeure dans ce “sans rivage“. Car rien n’existe en dehors de l’infini océanique. Pourquoi en avoir peur ? La seule réalité est là, à aimer et qui nous a apprend à aimer, où plus rien n’est limité, sauf par les limites que nous créons. Nos doutes et nos interrogations sont les vagues éternellement recommencées de cet océan. Il faut les aimer aussi pour entrer dans l’amour infini. Là, tout est don et beauté. Ne cherche pas à dire, sois le plongeur. Écoute l’océan et fonds dans son flux.
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