Où commence le ciel ? Dans toutes les traditions spirituelles, on oppose ou on juxtapose la terre et le ciel en réservant au domaine céleste la vie de l’esprit. Dans la géographie intime de l’homme moderne, le ciel semble bien lointain, mais où commence le ciel ? Le ciel est déjà là, au bout de ton nez, tout simplement. Il ne commence pas dans les lointaines étoiles. De même que l’avion n’est plus sur terre dès que ses roues ont quitté la piste d’envol, le destin de l’avion est d’être dans le ciel, comme celui de l’homme est d’être lié au ciel en permanence. L’universel est là, le cosmos n’est pas un ailleurs, nous en sommes partie. Nous l’avions seulement oublié et cela n’a rien d’un propos planant.
Le ciel, voûte étoilée, n’est pas une cloche comme celle qu’on pose sur votre assiette dans les restaurants gastronomiques pour tenir les mets au chaud. Ce n’est pas non plus le dôme de verre qu’on place sur les melons pour les faire mûrir. Cette voûte étoilée de la vie de l’esprit qui relie au tout, c’est l’ouvert infini comme un céleste océan. Pas besoin de se sentir sous cloche pour mûrir. Seulement s’ouvrir à l’Ouvert.
Pourquoi se figurer le lointain pour y placer les choses de l’esprit ? Sauf à vouloir s’en tenir éloigné, le ciel est là, à portée de notre cœur. Tout est affaire d’axe, de correspondance pour intégrer ce ciel que nous rencontrons dans notre verticalité, les pieds sur terre. Oui, à la fois plus haut et plus proche de mon cœur. Pas le cœur comme une vague sentimentalité mais bien comme le brasier de la vie. Élévation.
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