Nous sommes tous des papillons, toi, moi, et nos battements d’aile peuvent déclencher des tempêtes. On connaît tous “l’effet papillon“ décrit par le météorologue Edward Lorenz qui consiste dans le battement d’ailes d’un papillon au Brésil provoquant une tornade au Texas. Que faire de nos colères ? Il semble que notre monde est en colère permanente, et que chacun bat des ailes dans des vaines polémiques ou des messages venimeux. C’est ce qu’on appelle les passions tristes, occasions sans cesse renouvelées de se mettre en colère qui saturent le débat public et envahissent jusqu’à nos conversations privées. Nous voici sommés de nous mettre en colère et de tempêter.
Stop, la vie est déjà faite de tant d’épreuves et de tempêtes auxquelles il faut faire face. Ne rajoutons pas au caprice du ciel, le caprice des hommes. Pourquoi faut-il que l’homme se complaise à déclencher des tempêtes ? Il nous faudra toujours naviguer avec la tempête, inévitable, mais quand elle surgit, il vaut mieux avoir préparé le bateau pour l’affronter et carguer les voiles. C’est-à-dire faire face et résister pour ne pas entrer dans la colère qui enfle, qui toujours blesse et parfois peut tuer.
Résister comme Ulysse qui s’attache au mât de son bateau pour ne pas répondre au son des sirènes. « Le péché, ce n’est pas de voler et de mentir, c’est, pour un homme, de marcher brutalement sur la vie d’un autre, insoucieux des blessures qu’il laisse derrière lui », a écrit magistralement Shusaku Endo dans son roman Silence. Résister contre toutes les colères assassines et les tempêtes, refuser de battre des ailes dans le sens du vent, c’est notre seule responsabilité d’homme, responsabilité de papillon qui croit et sait le soleil. Oser la lumière.
Retrouvez l’ensemble des textes déjà parus, dans la rubrique Archives – © Jean Dumonteil.