On voudrait tout connaître et on a souvent l’illusion de tout savoir, affirmations puériles qui ne sont que l’adhésion à des théories à l’apparence de vérités scientifiques, au demeurant fort utiles mais limitées. Cette connaissance se traduit le plus souvent en concepts qui resteront toujours insuffisants pour entrer dans la compréhension du réel. Aldous Huxley disait très justement qu’ « entre connaissance et compréhension, il y a autant de différence qu’entre une ordonnance qui prescrit de la pénicilline et la pénicilline elle-même ».
On voudrait percer tous les mystères. Le vrai grand mystère est celui du bien et du mal. Que savons-nous ? Que comprenons-nous ? Seulement que le bien est au mal ce que la lumière est à l’obscurité. Seule la lumière est absolue. L’amour est l’instrument du bien, quels que soient les mots qu’on emploie dans les diverses traditions spirituelles pour dire l’amour infini : agapé du chrétien, charité du musulman, compassion du bouddhiste. J’y ajoute ce commentaire du rabbin Abraham Joshua Heschel : « Quand j’étais jeune, j’admirais les gens intelligents. Maintenant que je suis vieux, j’admire les gens bienveillants » (When I was young, I admired clever people. Now that I am old, I admire kind people).
Il ne peut pas y avoir de connaissance et de compréhension sans amour. Vouloir connaître l’autre sans l’aimer, c’est vouloir l’investiguer et le posséder. Qu’il s’agisse de nos frères et des mystères de la vie, la connaissance sans amour ne peut que se heurter à un mur. L’amour est la porte et la clé. Rien ne sera déverrouillé tant que nous n’entrerons pas dans l’expérience de la compréhension, dans l’intimité de la complexité du vivant où tout est lié et relié. Où tout est déjà donné à qui veut recevoir. Comme la beauté que je ne saurais mettre en équation mais que je sais reconnaître. Simplement reconnaissant.
Retrouvez l’ensemble des textes déjà parus, dans la rubrique Archives – © Jean Dumonteil.
SENTIMENT OCÉANIQUE 