Comme le surfeur, je veux me rendre disponible à la vague. Chercher l’harmonie dans la vague, au-delà de mes peurs. Réalité de l’incertitude, réception de l’impermanence, offrande au surgissement de la vie. Surfer, c’est se couler dans une sorte de mystique sauvage, première, sans recours à l’intelligence raisonnante. Se laisser porter par la vague, marcher sur l’eau, avec l’eau. Être totalement présent à la vague.
Être disponible, c’est accepter d’apporter sa liberté en présent. Il y a dans la disponibilité, la réponse à l’appel de la communauté des vivants, la vocation à laisser advenir, à dire oui à la parole de l’autre, invitation fraternelle ou urgence de son cri. L’appel de la vie ne se refuse pas. Tout le contraire d’une obligation, rien de pesant. Être disponible, c’est sortir de la contrainte pour accepter l’engagement.
La disponibilité comme valeur suprême. On ne contrôle pas la vague, on l’épouse. Joie de la disponibilité. Il ne s’agit pas pour autant de se laisser porter par les événements, mais de les chevaucher, de ne pas se laisser submerger. Tout est mouvement, rien ne stagne, nul ne croupit. Être disponible, c’est être vivant. Pleinement. Esthétique de la disponibilité, beauté du geste du surfeur qui marie l’abandon, l’équilibre et la puissance du mouvement.
Retrouvez l’ensemble des textes déjà parus, dans la rubrique Archives – © Jean Dumonteil.