Le sentiment océanique, c’est la perception intime de la plénitude de l’infini auquel nous sommes liés. À l’image de l’immensité des flots. Oui, j’ai la nostalgie de l’océan. Tous, nous connaissons dans notre vie, nous avons connu des moments intenses d’éternité qui nous relie à l’universel. C’est du moins ce que je te souhaite. Peut-être les as-tu vécus sans en être conscient ? Je crois qu’on peut se rendre attentif ou plutôt réceptif à capter ce sentiment océanique. Pour cela, il nous faut quitter les ports d’attache où tant d’amarres nous retiennent.
Quittons l’étroitesse des quais où, encore amarrés, nous clapotons. Tant d’amarres dont nous n’avons pas forcément conscience : amarres de nos jugements et de nos mesquineries. Ne dit-on pas d’un esprit borné qu’il est terre à terre, jamais mer à mer ? Savez-vous que la totalité des terres émergées occupe moins d’un tiers du globe et que l’habitat de l’homme ne représente que 2 % de la surface planétaire ? De même, nous avons été habitués à limiter notre vie de l’esprit aux certitudes terrestres immédiates. N’ayons pas peur du vent de l’océan pour vivre le grand large.
Le sentiment océanique n’est pas un rêve évanescent. Il ne se résume pas non plus à quelques fulgurances passagères. Bien sûr, il y a ces moments forts de la vie qui nous transportent, mais je veux tenir en mon cœur le sentiment océanique comme un état d’esprit au long cours, nostalgie et espérance de l’horizon qui ne connaît pas de limite. Et au milieu de cet océan, ensemble, nous lèverons les yeux car c’est là qu’on contemple le mieux les étoiles. Embarquons ! il est temps de larguer les amarres.
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