Nos vies ne sont ni quelques lignes d’état civil, ni des inventaires pour succession, et encore moins un improbable CV à produire pour l’ultime recrutement qu’on appelle la mort. Nos vies, ma vie, la tienne, sont des poèmes et nous l’avons oublié. Oh ! le poème n’est pas forcément léger. Il est des poésies tragiques, mais justement, il faut reconnaître la force de tant d’élégies anonymes et y voir le visage d’Antigone. Le poète René Char a bien raison qui écrit : « La seule signature au bas de la vie blanche, c’est la poésie qui la dessine ». Je veux lire ta vie comme un poème.
À quoi sert un poème ? est-il utile ? Non, il est essentiel. Chaque vie est essentielle. Le quotidien de nos jours n’est pas de la prose. Nos vies ne sont pas prosaïques. Vies courtes ou longues, certaines fugaces comme un sonnet trop vite interrompu, d’autres comme une épopée et pas toujours une fable à la morale limpide. Je veux lire toutes ces vies dans leur égale plénitude. Le dé à coudre est plein comme est pleine la baignoire. La plénitude n’est pas affaire de quantité.
À quoi rime tout cela, avec quoi et avec qui riment nos vies ? Les rires et les larmes sont la ponctuation de nos vers libres. Une pléiade d’auteurs en écrit les jours. La vie des êtres aimés sont les seuls poèmes qu’on voudrait apprendre par cœur. Le cœur de les lire et toujours les relire pour en déchiffrer le sens. Je veux en aimer les points de suspension et d’interrogation. Je te regarde. Avec quelle encre écris-tu le poème de ta vie ? Sympathique, forcément sympathique, dans un secret plus grand que toi.
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SENTIMENT OCÉANIQUE 