La lumière pure nous aveugle et j’ai besoin de la lumière simple d’une bougie pour comprendre la lumière, pour entrer dans la lumière. Simplicité et unité de cette bougie qui brille dans l’obscurité, je rencontre le mystère de la lumière. Je laisse parler ce symbole permanent et universel du divin. Fais l’expérience que je pratique quotidiennement depuis longtemps : apprivoise dans l’obscurité la flamme de la bougie ou plutôt laisse-toi aspirer par elle. L’expérience et infime mais sa familiarité m’est révélatrice d’infini.
Contemple la vérité de cette lumière vivante, de ce feu qui se consume. C’est une expérience aussi inspirante que de contempler les étoiles par une nuit d’été. Aucune ampoule LED ou lampe halogène ne remplacera jamais le message de cette bougie. Beaucoup de nos contemporains aiment offrir des bougies dites d’ambiance dont on aime voir la flamme vaciller dans le photophore. Mais si, plutôt que des bougies d’ambiance, nous nous offrions des bougies de présence.
Dans son petit livre De spirituali amicitia (l’amitié spirituelle), le moine écossais du XIIème siècle Aelred de Rielvaulx dialogue avec un frère et allume une bougie : « Nous voici toi et moi et, je l’espère, un tiers entre nous le Christ ». Grâce à cette lumière qu’il suffit d’accueillir près de nous, plus rien n’est clos. Tout est relié à plus grand que nous. Lumière du tout autre. En lisant ces lignes, je pensais à une phrase de Max Picard que j’avais lue précédemment : « Quand deux hommes parlent ensemble, il y en a toujours un troisième parmi eux : le silence qui écoute.» Message silencieux de la flamme, altérité, amitié spirituelle en présence d’un tiers frère. La fraternité ne peut être que spirituelle, sinon elle est bavardage, mondanité. N’oublie pas ta bougie.
Retrouvez l’ensemble des textes déjà parus, dans la rubrique Archives – © Jean Dumonteil.