Pourquoi toujours vouloir des certitudes, comme s’il s’agissait de combler des vides ? Les fausses certitudes derrière lesquelles nous nous barricadons ne servent généralement qu’à obstruer nos fenêtres de compréhension du monde et toutes les ouvertures qui font que la vie est la Vie. La Vie est liberté, tout le contraire de la certitude. Je préfère les questions qui me tiennent en éveil plutôt que des réponses qui nous coulent dans des injonctions de béton ou nous endorment sous des évidences d’édredon.
Je préférerai toujours les questions aux réponses en sachant que la Vérité ne se laisse jamais enfermer dans les réponses définitives. La vérité est une réalité, elle est même la réalité, mais la vérité est au-delà de nous. Dans le cheminement de mes jours, j’ai appris à aimer les réponses que je sais provisoires, encore ouvertes. J’accepte la relativité de mes propres affirmations et je ne la confonds pas pour autant avec le relativisme qui banaliserait toutes les affirmations. Je me nourris des réponses inspirantes que j’ai cueillies ou attrapées, étoiles au-dessus de ma route, mais j’aime aussi le jeûne des “koans“ du bouddhisme zen, ces questions apparemment absurdes qui empêchent toute réponse.
Je sais que toujours l’inattendu arrive. Et je chemine de découverte en découverte. Autant de cailloux, de repères sur la route, réponses provisoires, réponses en point de suspension, réponses qui posent d’autres questions abyssales. Et je reste à l’affût. C’est là notre destin d’homme. Et parfois le brouillard est épais sur ce chemin, les questions essentielles apparaissent elles-mêmes difficiles, indéchiffrables, et nos raisons d’espérer sont mis à bas. Alors, sans question, je me rappelle que même quand l’espérance est en miettes, il y a encore des miettes d’espérance.
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