Le sacré ferait-il partie d’un ordre dissimulé, non visible, caché derrière le désordre apparent de nos activités sociales quotidiennes ? Comment sacraliser nos vies ? La Vie se construit dans les travaux des jours, ici et maintenant. Le sacré y a toute sa place, et même la première place qu’il ne tient qu’à nous de lui donner. Nous avons seulement oublié de voir le sacré, d’y participer et de le célébrer. Sacraliser nos vies, c’est voir autrement et commencer à contempler. Voir là-même où les objets et les actes les plus infimes deviennent importants et échappent à nos hiérarchies d’apparence. Dans la simplicité, entrons dans le sacré qui est déjà là.
Pour notre génération, le sacré est une porte vers la paix. L’autre, mon frère, est sacré. L’univers est sacré si je le respecte et je l’aime. Après le siècle de feu qui fut le XXème siècle, siècle de guerre et de vision technicisée, nous avons une responsabilité immédiate par rapport au vivant. Il ne s’agit pas seulement de règles politiques, mais de la reconnaissance du caractère sacré de ce qui nous entoure.
Le sacré est à la fois ce qui nous relie tous et la part la plus intime de chacun. C’est le secret de tes blessures et de tes espérances que je respecte, toi que je regarde et qui est pour moi sacrement. Pour prendre ensemble conscience du sacré, peut-être aurons-nous besoin d’isoler des moments et des espaces sacrés. Mais rappelons-nous alors que ces lieux et temps mis à part, qu’on proclame sacrés, ne sont là que pour nous faire souvenir que tout est sacré. Participons ensemble à l’extension du domaine du sacré. Car, est profane seulement ce que nous profanons.
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Photo : Dans la Forêt sacrée de Kpassè au Bénin, (Rachad Sanoussi, Wiki Loves Earth 2019)