Notre société bavarde et raisonnante a peur du silence. Elle l’enfouit sous toutes sortes de bruits, musiques de fond et vaines polémiques, qui nous inondent en permanence et nous rendent sourds à l’essentiel. Nous avons pourtant besoin du silence pour entendre à nouveau, pour laisser résonner en nous la parole créatrice et en percevoir l’écho dans notre vie. Le silence n’est pas le contraire de la parole, il en est la matrice, le creuset. Pour s’en rendre compte, Il suffit de lui faire de la place, de laisser un peu d’espace au silence dans le bruit de nos jours.
Débranche tes écouteurs ou tes enceintes stéréo. Éloigne-toi des bruits environnants. Laisse entrer le silence. Tu n’en as pas l’habitude. N’aie pas peur, tu n’es pas devant un précipice, le silence n’est pas du vide. Assieds-toi, écoute et élargis peu à peu l’espace du silence. Si tu es dehors, lève les yeux et regarde le ciel, le silence est ainsi. Infiniment grand. Si tu es dans le silence de ta chambre, allume une bougie et regarde la flamme, le silence est ainsi. Infiniment proche. Et dans ce silence, tu entendras la parole de vie. Écoute.
Seul le silence nous permet d’entendre. Nous en avons besoin et plus nous faisons de la place au silence, plus nous ouvrons des plages de silence régulières dans nos vies, plus notre oreille devient experte. Jusqu’à percevoir l’in-ouï. Le silence est un bon compagnon et ne crois pas qu’il t’éloigne de tes semblables. La fréquentation du silence t’apprendra à mieux ouïr la parole de l’autre, la musique de son cœur. Dans ses silences que l’amour ou l’amitié savent percevoir.
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