La vraie vie n’est pas celle qu’on essaie de te vendre : biens matériels et marqueurs sociaux, loisirs, il faudrait toujours consommer. Énorme machine à frustration à l’heure où la crise sanitaire nous prive de tant d’activités. Ne crois pas que ce temps d’empêchement soit un temps perdu. D’ailleurs, le temps n’est pas un capital sur lequel on peut tirer des traites et la vie n’est pas la somme des choses à faire, un parcours où il faudrait marquer des points à partir de la carrière à mener, des lieux à visiter, des marchandises à acquérir ou des expériences à vivre comme autant de sauts d’obstacle. Illusoire compétition contre soi-même, vain exercice de distinction.
La vie n’est pas tant de faire que d’être. Quelles que soient les circonstances, le contexte politique, économique, social ou sanitaire, la vie est là. Ma seule liberté réelle est d’être pleinement vivant à cette vie. Le seul temps que j’ai à vivre est le temps de la compréhension et de la rencontre, le temps de la contemplation. Vivre et contempler à travers les tâches répétitives qui font l’épaisseur des jours et à travers l’observation de la vie qui se développe, dans sa simplicité apparente, à côté de nous et que les écrans de la modernité voudraient nous empêcher de voir.
La vie jaillit, tumultueuse, naissances et morts, passions et guerres. Mais la vraie vie est d’abord un don, une grâce dont je t’invite à t’émerveiller avec moi. Notre seule liberté est d’y être artisans de paix, à hauteur d’homme, découvreurs et messagers d’amour. Le temps présent n’est pas du temps perdu. C’est le temps à vivre, à accueillir et toujours retrouver dans la simplicité et l’épaisseur des jours.
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