Chacun connaît la fameuse formule de Guillaume d’Orange : « Pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il veut aller ». En clair, il importe de se fixer un cap, un objectif, un but dans la vie. Mais derrière ce précepte moral volontariste, pourquoi ne pas tenter une lecture plus spirituelle ? Car le plus important dans cette phrase, c’est le vent, pas le marin. C’est le vent qui ramène Ulysse à Ithaque et fait échouer saint Paul à Malte.
Le vent, c’est le souffle, l’Esprit dans toutes les traditions spirituelles. Sans le vent, nos vies seraient des galères. Le vent peut être la brise légère dans laquelle le Dieu de la Bible parle au prophète Élie. Le vent, c’est aussi la tempête dans les crises que nous traversons et que nous traverserons encore. Le vent peut parfois se taire, disparaître et nous laisser totalement encalminé. Rien ne sert alors de tempêter, seul le vent peut le faire. On dit que le navigateur doit prendre le vent, ne doit-il pas plutôt l’apprendre et le comprendre ? Le vent est plus puissant que moi. Rien ne m’est possible si je ne suis pas porté par le vent, si je ne remonte pas au vent. Si je n’entre pas dans le souffle de l’Esprit. Je ne suis qu’un élément de cet alliage du vent, de l’eau et du bateau.
Se laisser porter par le souffle, l’Esprit. Toujours avancer, sortir du port de nos timidités et de nos angoisses. Aimer le vent. Ne pas avoir peur du grand large de la vie, fixer un cap et savoir que l’inattendu, toujours, arrive. Et puis, comme Colomb qui croyait parvenir aux Indes, découvrir un continent inconnu plus vaste que tous nos espoirs. Et remercier le vent. Se fondre dans le souffle.
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