Nos vies comme des bulles de savon. En pleine crise sanitaire, nous redécouvrons que nous sommes vulnérables. L’étions-nous moins hier ? Non, mais l’hubris productiviste comme le grand divertissement consumériste avaient détourné notre attention. Oubliés, la peur, le dies irae, la vallée de larmes de nos cantiques d’antan. On avait pris pour une quête du bonheur l’abondance des plaisirs dont on n’est jamais repu. On avait confondu le plaisir et la joie, le bonheur et la paix.
On se croyait de beaux galets façonnés et polis par une nouvelle sagesse aussi confortable qu’un S.U.V. à boîte automatique et air conditionné. Nous avions oublié que nous n’étions que des bulles de savon, aussi belles que fragiles. Aussi vulnérables qu’émouvantes. N’ayons pas peur de l’éphémère, du fragile, de l’humble. La vie est là. Elle est belle et précieuse, justement parce qu’elle est fragile et qu’elle jaillit, coule et déborde toutes nos certitudes, au-delà de nos vies façonnées comme des châteaux de carte.
Prendre cette vie fragile dans sa main chaque matin et chaque soir, cette fine porcelaine, cette membrane de vie qu’on voudrait plus forte qu’une bulle, la regarder s’envoler, virevolter, la suivre des yeux. Et, comme le souffleur de bulle de savon, faire renaître toujours la vie, l’amour.
Sans cesse, le souffle crée cette merveille éphémère. Souffler pour créer ces ronds de rien. Souffler doucement, tendrement, comme il faut. Suffisamment juste. Forme parfaite de la bulle. L’éphémère est là, toujours renouvelé, plus puissant que moi puisque je ne peux le saisir, je ne peux pas l’enfermer ni le posséder. Seulement le contempler. Et souffler encore pour le faire apparaître.
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SENTIMENT OCÉANIQUE 