L’immédiat est-il le mot qui résume le mieux notre époque fébrile ? Tout, tout de suite. Séance tenante. Le circuit court ou le court-circuit parfait. Il est piquant de voir l’évolution de ce mot. Du sens “sans intermédiaire“, il est passé dans l’immédiat du premier lieu, du tout d’abord, du moment même. Triste humanité qui s’abîme dans le court terme et l’urgence. Fast food, fast fashion…, de plus en plus vite, dans la réaction primaire et permanente, sans prendre le temps de la réflexion, sans le recours au temps comme premier médiateur.
Immense frustration. L’immédiateté n’est pas un présent plus intense, elle n’est que l’accélération du fugace qui, à peine passé, demande déjà à être comblé. Stop ! Il est temps de ralentir. Sans l’intervalle du temps suspendu, sans l’écoute du monde, de soi, des autres, du cosmos ou de Dieu, sans médiation, notre connaissance restera plate, planante en deux dimensions. Or la pleine vie se vit en 3D, dans l’ouverture au Tout Autre. Il faut laisser infuser la vie. Inutile de tirer sur la tige, la fleur de sagesse ne parviendra pas à éclore plus tôt.
Pourtant, dans la boulimie de l’urgence, peut-être se trompe-t-on d’immédiat ? Peut-être seulement une confusion, un désir d’absolu qui fait fausse route dans une tentative de comblement. Oui, il faudrait distinguer et aimer un immédiat de l’être, bien différent de l’immédiat de l’avoir. Cet immédiat de l’être, c’est le sentiment océanique qui nous fait ressentir, sans besoin d’intermédiaire, notre immersion totale dans l’universel et l’infini, à la fois désir, écoute et accueil que rien ne pourra jamais combler.