S’émerveiller, c’est regarder autrement, regarder avec reconnaissance. Rien de niais ni de naïf dans cette attitude. C’est regarder avec reconnaissance la vie, sa beauté et son mystère. C’est contempler la merveille, c’est-à-dire ce qui est digne d’admiration. C’est recevoir et accepter cette merveille qu’on voudrait pénétrer et qui restera peut-être, qui restera souvent, au-delà de nos appréhensions et de toute compréhension. Car là se cache le merveilleux. Rien de magique, de superstitieux dans ce merveilleux. Pas de monde alternatif et enchanté, seulement l’invisible, cette réalité que nous ne savons plus voir, sauf justement dans l’instant où nous nous émerveillons.
S’émerveiller du simple, du petit ; s’émerveiller du complexe, du grand ; apercevoir et reconnaître, dans l’un et l’autre, l’infini. Car, malgré la forme pronominale de ce verbe, si on s’émerveille, ce n’est jamais sur soi-même. L’émerveillement est toujours une sortie de soi, il faut se mettre en route vers les merveilles du monde, partir en expédition vers la vérité du Beau.
S’émerveiller, c’est sourire à l’inconnu. Savons-nous encore nous émerveiller, risquer l’hébétude, prolonger la contemplation ? Rien à capturer sur Instagram, rien à enfermer dans nos miroirs numériques où les images font trop de bruit. Chut ! Seulement s’émerveiller dans le silence de l’œil et laisser la merveille prolonger son écho.