« C’est quand on perd le chemin qu’on commence le chemin ». Abbaye Sainte-Foy de Conques dans l’Aveyron. En 1992, Pierre Soulages, en refait les vitraux. Il disait alors qu’il avait cherché à produire « une lumière métaphysique. Je voulais un verre qui isole de l’extérieur et en même temps un verre qui soit émetteur de clarté et module la lumière, tout en continuant les murs. »
Il avait donc fait des recherches et raconte qu’il avait apporté un jour un échantillon incolore à Conques et paniquait car celui-ci prenait des teintes orangées. Il sort alors de l’abbaye et constate que le bleu absent à l’intérieur colore la baie au dehors. La lumière naturelle était ainsi décomposée et variait selon son intensité d’un gris argent à une lumière dorée.
Fort de ce constat qui l’avait désorienté au départ de sa création, Pierre Soulages commentait : « C’est quand on perd le chemin qu’on commence le chemin ». Comme dans son compagnonnage avec le noir devenu “outre-noir“. Toujours au-delà, passer outre, aller plus loin que la prosaïque et banale apparence. Dans l’ultra-lumière. Sans peur de s’y égarer puisque là est le centre, à la fois plein et vide. Les plus grands passeurs spirituels sont peut-être ceux qui n’ont pas peur de se perdre. « Cherche-toi jusqu’à ce que tu te trouves et, quand tu te trouveras, quitte-toi », dit le bel adage soufi.