La confiance est comme l’équilibre du cycliste. Pour trouver cet équilibre au premier tour de pédale, rien de sert de faire appel à la raison, au calcul ou aux concepts. Il suffit d’une impulsion, antérieure à toute réflexion de l’intelligence ou aux motivations de la volonté. Il suffit seulement de regarder loin devant soi et d’avancer. En confiance. Confiance en soi-même d’abord, confiance ensuite dans les conseils de ceux qui maîtrisent déjà l’expérience du vélo, confiance enfin dans les lois harmonieuses de la dynamique et de la gravité qu’il sera toujours temps de théoriser.
L’enfant qui découvre les joies du vélo ne connaît pas ces lois physiques. Il est joyeux de sa liberté dans l’équilibre maîtrisé. Plus tard, dans cet équilibre, il persévèrera, souffrant parfois sur son vélo dans la côte qui n’en finit pas, mais avec la promesse du sommet, cette récompense de la halte à venir. J’ai éprouvé ces joies de l’enfance et de la jeunesse, le but du chemin, la pause au sommet dans le paysage espéré. La confiance n’est pas un lâche abandon aux circonstances. Il y faut du courage, de la force. La confiance suppose un élan ou un sursaut, force de la spontanéité qui permet de larguer les amarres de nos peurs. Après le jaillissement, il y faut aussi la force de la persévérance dans l’équilibre du mouvement.
Faire confiance, c’est tout le contraire de la naïveté et de la crédulité. C’est accepter de ne pas tout maîtriser, de se reconnaître vulnérable et de savoir qu’il s’agit là de notre seule force réelle pour avancer et vivre. Au-delà de nos peurs. Que risque-t-on à accorder sa confiance ? À découvrir la faiblesse de l’autre, de celui qui pourrait trahir cette confiance. Dans l’équilibre de notre discernement, nous avons déjà appris que le mal rôde et qu’il nous faut surtout plaindre celui qui n’est pas digne de confiance. Car la confiance est aussi, pour toi comme pour moi, une promesse à tenir, une espérance à partager. Confiance en plus grand que nous, dans la force de la Vie.
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SENTIMENT OCÉANIQUE 